Sur la route nous conduisant à Harar, nous nous arrêtons, avec nos amis Marie-Paul , Luc et leurs enfants, dans le parc de l’Awash, à un peu plus de 200 km d’Addis.
Nous sommes dans la vallée du Rift, à environ 1000 m d’altitude, soit 1500 mètres plus bas que la capitale éthiopienne. Le climat est chaud tout en restant supportable.
Mais la sécheresse qui sévit depuis près de six mois est visible dès que l’on sort d’Addis et plus on descend.
Nous sommes dans une immense savane, faite d’arbustes épineux grillés qui ont tous perdus leurs feuilles, piquetés de grands acacias également secs. Tout est blanc-gris, un peu comme un paysage d’hiver en France, sec et blanchi par la poussière. L’effet est particulièrement marqué quand nous nous y rendons car le ciel est blanc tout au long de la journée.
La vallée du rift correspond à une zone d’écartement des plaques arabique, et africaines. La tectonique a créé cette profonde faille de plus de 1500 mètres de profondeur et de plusieurs dizaines de km de large. Elle a donné aussi naissance à de nombreux volcans, parfois hauts de plus de 1000 m, et à des paysages volcaniques, faits de murs de lave, d’éboulis et de blocs de lave projetés. La zone n’est plus très active mais on devine que les dernières éruptions ne sont pas très anciennes car la végétation peine à se développer dans ce sol. Nous serons d’ailleurs surpris, le soir, dans notre lodge au cœur du parc de l’Awash, de voir que le Fantale, le grand volcan qui domine le parc, est en (mini) éruption. Plusieurs traits rouges dans le ciel nous indiquent des coulées de lave. Un spectacle qui nous rappelle celui que nous avions vu en Sicile, au pied de l’Etna.
Nous logeons au cœur du parc de l’Awash, dans un lodge qui surplombe les chutes de la rivière Awash. Celle-ci est bien alimentée, malgré la sécheresse, par des sources souterraines venant du plateau abyssin. Elle irrigue une partie de la vallée du rift avant de se perdre dans le désert des Danakils, sans avoir pu rejoindre le golfe d'Aden.
Le parc national de l'Awash a été créé dans les années cinquante pour protéger la faune qui s’est malheureusement beaucoup réduite beaucoup. On nous dit qu’il reste des lions que l’on entend rugir la nuit. Nous ne pouvons le certifier. Nous n’avons pas vu non plus de zèbres.
Dic Dic |
En nous baladant dans le parc, nous croisons en revanche nombre de Koudous, d'Oryx, de phacochères et quantité de Dic-Dics, splendides antilopes naines de la taille d’un petit chien avec des grands yeux de biches.
Oryx |
Oryx |
Oryx |
Serpentaire |
Nous allons aussi nous promener au bord de l’Awash, qui coule au pied de notre lodge; Plusieurs crocodiles du Nil paraissent sur les rochers au pied des cascades. Frisson garanti !
A une cinquantaine de km de notre lodge, au milieu de la savane sèche et poussiéreuse, se trouvent des sources chaudes. On y accède par une mauvaise piste. Quelques kilomètres avant d’arriver, les arbustes commencent à reverdir, puis nous apercevons une oasis, avec des palmiers par centaines.
Une colonie de babouins vit là, venant s’abreuver au milieu des troupeaux de zébus, de dromadaires, mais aussi de quelques phacochères se roulant dans la boue.
Nous marchons quelques centaines de mètres, croisant des gardiens de troupeaux afars. Nous apercevons leurs longues silhouettes, vêtues d’un pagne long, et leur coupe afro pour certains, de style "Egypte antique" pour les autres. Ils sont surtout reconnaissables à leur démarche, la kalachnikov sur les épaules couverte de leurs deux bras. Nous ne prenons pas trop de photos, y compris des troupeaux, car les Afars n’aiment pas et ils ont la réputation de devenir assez vite agressifs. Inutile de tester.
Le paysage devient édénique. Vert, il abrite des centaines de bêtes domestiques (zébus, chèvres, dromadaires) qui croisent les animaux sauvages qui viennent également s’abreuver (phacochères, babouins, oiseaux).
Il règne un calme étonnant, dans une chaleur brûlante. Nous accédons enfin aux sources chaudes. La végétation est dense, l’eau limpide. Nous dérangeons un groupe de jeunes adolescentes afars au bord du trou d’eau. Certaines lavent le linge, d’autres se baignent. Atmosphère qui fait penser au tableau du douanier Rousseau. Nous ne pouvons évidemment pas communiquer. Elles nous regardent en s’amusant, surtout quand les enfants se décident finalement à goûter l’eau. Ils ne font que quelques brasses car elle est brûlante (on nous dit 45 °).
Autre instant magique le soir suivant. Nous nous rendons à la « caverne des hyènes », un peu après Metahara. Nous y arrivons vers 18h, alors que le soleil disparaît à l’horizon. Nous sommes aux pieds du volcan Fantale. L’air est encore chaud. Quelques oiseaux, des gros rongeurs (dont j’ai oublié le nom) de la taille de petites marmottes disparaissent à notre approche. Nous nous installons à l’aplomb d’une grotte et attendons dans le silence.
Le crépuscule s’installe. Nous entendons soudain des gloussements, et de véritables ricanements. Une hyène sort et hume l’air. Elle nous sait là mais sent certainement qu’il n’y a pas de danger pour la meute. Elle entre de nouveau dans la grotte. Nouveaux ricanements.
Deux, trois hyènes sortent, hument et regardent alentour puis s’éloigne lentement en direction des villages alentours où elles trouveront leur nourriture pendant la nuit. Nous voyons sortir ainsi une bonne quinzaine de ces bêtes, certaines de bonne taille, qui s’éloignent progressivement dans la nuit tombante.
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