vendredi 13 juillet 2012

Gondar

Gondar est devenue la capitale de l'Ethiopie à la fin du XVIème siècle, à l'époque où les empereurs éthiopiens combattaient des invasions musulmanes venues de la mer rouge. Face à cette menace, les empereurs finissent par faire appel au Pape et aux Portugais, intéressés pour avoir une implantation qui soutienne leur expansion dans l'océan indien.

400 Portugais rejoignent l'Ethiopie sous le commandement de Christophe de Gama (la famille de Vasco...). Ils aident à repousser les Musulmans et s'installent en Abyssinie, faisant venir quelques Jésuites qui s'emploient immédiatement à tenter de convertir les Ethiopiens à la "vraie" foi chrétienne. Ils réussissent à convertir l'empereur en 1603...ce qui provoque une guerre civile dans tout le pays. Le fils de l'empereur converti, Fasilidas, oblige son père à abdiquer, restaure la foi orthodoxe traditionnelle, expulse Portugais et Jésuites (non sans en massacrer quelques uns) et installe sa capitale à Gondar. Avec ses fils, Fasilidas développe ce petit village pour en faire une grande capitale. Construite pendant le XVIIe siècle, la capitale compte jusqu'à 80.000 habitants, avant de décliner au XVIII et XIXe siècle.

La ville a beaucoup de charme. Elle se caractérise par ses châteaux impériaux, construits par Fasilidas et ses fils dans une inspiration ...très portugaise.







A quelques centaines de mètres des châteaux, Fasilidas a fait construire une très belle église, Debre Birhan Selassié. Dédiée à la sainte Trinité (Selassié), cette église en pierre est installée au coeur d'un terrain fortifié. L'intérieur est décoré de magnifiques peintures qui datent du début du XIXe siècle. 




Plafond de Debre Berhan Selassié


Un peu plus éloignés du centre, les bains de Fasilidas sont un autre très bel endroit. Protégé par une enceinte fortifiée, le pavillon est posé au milieu au centre d'une immense piscine. Remplie chaque année avant l'épiphanie (Timkat), elle est un lieu de pèlerinage. Les photos que j'ai pu voir sont très impressionnantes. Des milliers de pèlerins se rassemblent pour se plonger dans les eaux de la piscine bénies par les prêtres.




La ville contemporaine est intéressante par son architecture fasciste caractéristique. Un reste du bref passage des Italiens
 


 Nous reprenons ensuite la route qui descend doucement vers le lac Tana. Au passage, un splendide piton volcanique, tendu vers le ciel tel un doigt sortant de terre. 




Les montagnes du Simien









Le massif du Simien ("du nord" en Amharique) est l'un des principaux massifs montagneux d'Afrique. A environ 800 km au nord d'Addis, entre le lac Tana et le Tigré, il est l'un des endroits les plus époustouflants d'Ethiopie. C'est en fait un très haut plateau, avec des poussées volcaniques et des reliefs creusés par l'érosion. La partie nord du massif est un escarpement abrupt, avec des gorges qui peuvent atteindre plus de 1500 mètres de dénivelés. Je ne suis jamais allé voir le grand canyon américain mais je pense que l'impression doit être à peu près la même.





La route qui relie Gondar à Axoum passe par le Simien. Elle est en travaux actuellement (et sans doute pour encore deux ans) ce qui rend le trajet parfois difficile, en tout cas toujours lent.








 Il y a au bord de l'escarpement une immense colonie de Babouins Geladas, au poitrail rouge. La crinière des mâles servait autrefois de parure aux guerriers. Il ne devait pas être très difficile pour eux de les chasser car cette espèce de babouins est très placide. On se promène au milieu d'eux sans qu'il manifeste ni peur, ni agressivité.














Les habitants du Simien sont particulièrement pauvres. Le climat est rude pendant toute la saison des pluies; La neige tombe parfois (on est entre 3000 et 4300 mètres d'altitude). La saison sèche est marquée. Les quelques touristes qui passent attirent donc les enfants.


Un petit groupe nous chante une chanson, en s'accompagnant d'instruments fabriqués avec une bouteille en plastique et deux cordes, frottées avec un archet tout aussi artisanal.