Troisième partie de notre voyage dans le Tigré. Nous nous rendons maintenant dans le massif du Gheralta, à mi-chemin entre Axoum et Mekele (la capitale du Tigré). Belle route construite par...les Chinois (bien entendu), avec encore pas mal de travaux et un accès final au Gheralta assez pénible car c'est encore une piste, assez défoncée par les camions. mais d'ici la fin de l'année, ce sera là aussi une route goudronnée.
Le Tigré se distingue nettement des autres régions éthiopiennes par la qualité de l'habitat rural. Peu de toukouls en bois, torchis et paille ici. Presque toutes les maisons sont construites en pierres sèches. Petites maisons dispersées très jolies.
Ici, contrairement à Addis, la petite saison des pluies (qui n'en finit pas chez nous depuis deux mois) a été très courte. Quelques jours en mars seulement semble-t-il. Tous les champs sont secs. Les animaux, plutôt maigres maintenant, pâturent comme ils peuvent, arrachant quelques brins d'herbe ou de paille sèche entre les pierres. Nous nous demandons comment les paysans réussissent à labourer ces champs pierreux.
Mais cette campagne est vraiment très belle.
Nous arrivons finalement en vue du Gheralta. Un massif relativement petit qui surgit du plateau pour culminer vers 3000 mètres (sur le plateau, on est à environ 2300 m).
Nous logeons dans un lodge tenu par un Italien. Voici la vue de notre chambre au petit matin :
Nous partons le matin vers le massif qui devient très impressionnant plus on s'en rapproche.
On est dans un véritable paysage de western...
... d'où surgissent comme partout en Ethiopie des églises et leurs fidèles.
Nous arrivons au pied d'un escarpement dans une faille, au pied d'une falaise de plus de 400 m de haut. Notre guide nous indique que c'est par là que nous allons monter au sommet.
Nous escaladons dans la ravine étroite, à l'ombre heureusement, pendant une petite demi-heure, en soufflant fort.
Nous croisons des femmes qui redescendent de l'église au sommet où elles se sont rendues pour la cérémonie des rameaux. Certaines sont assez âgées. une porte son enfant accroché dans le dos. Elles sont pieds-nus ou avec de malheureuses sandales en plastique. Alors que nous peinons à grimper, bien équipés, nous sommes très impressionnés.
Arrivés en haut du mini-canyon, nous pensons en avoir fini. Il nous reste encore une bonne demi-heure de marche, dans un paysage grandiose, avec quelques pentes encore raides et assez glissantes à gravir.
Le sommet est en vue...
Nous marchons entre terre et ciel, sur un bande de roche étroite. Plusieurs centaines de mètres d'à-pic juste à notre gauche.
Nous arrivons enfin devant la petite chapelle troglodyte creusée dans la falaise, Daniel Korkor, juste là au fond à droite...
Nous pénétrons par une toute petite entrée. Les enfants pensent même que je ne vais pas passer. Mais à quatre pattes, légèrement de travers, ça passe.
La petite grotte est lumineuse. Les murs blancs ont été peints par un ermite, sans doute au 12ème ou 13ème siècle. Nous sommes seuls dans cette toute petite église éblouissante. Les enfants comme nous sommes saisis par la beauté et la quiétude du lieu.
Par le petit trou de l'entrée, on devine l'immense paysage extérieur. Une petite fille observe les Farenje...
C'est aussi une église creusée dans la falaise. mais elle est beaucoup plus grande. Elle est peinte de très belles fresques, également du 12è ou 13è siècle.
Adam vient de croquer la pomme et découvre sa nudité |
L'église est servie par un moine qui habite là, au milieu de nulle part. |
La descente est moins fatigante mais presque plus impressionnante, avec souvent la crainte de glisser sur la roche assez friable.
Au pied du Gheralta, à l'ombre d'un arbre, un groupe de paysans qui palabrent...
De retour à notre lodge, nous renonçons à visiter une autre église, bien fatigués par nos trois heures de marche matinales. Bien nous en a pris car dans l'après-midi le ciel se couvre et un orage arrive.
A la nuit tombée, le ciel s'illumine de centaines d'éclairs. L'orage est assez loin mais la fréquence incroyable des éclairs qui se succèdent toutes les quatre ou cinq secondes pendant une heure nous impressionne.
Nous quittons notre lodge pour rejoindre Mekele, à deux heures de route de là. Cette ville avait 10.000 habitants au début des années 2000. Elle en compte plus de 120.000 aujourd'hui. Elle n'a pas de caractère particulier mais elle semble assez agréable à vivre. Comme dans le reste du Tigré, nous remarquons que la ville est très propre, bien agencée, avec de vrais trottoirs, des plantations.
Nous nous rendons à une vingtaine de km de Mekele, à Ashegoda. Là, une entreprise française, Vergnet, achève la construction d'une immense ferme d'éoliennes. Un énorme projet de 220 millions d'euros. Les premières éoliennes sont en production de puis l'automne 2012. L'ensemble devrait être achevé cet été.
Nous visitons le chantier avec un des responsables français du projet.
Les éoliennes Vergnet sont à deux pales. Une technique unique conçue par la société pour faciliter l'entretien (on peut descendre le moteur), bien adaptée au pays pauvres.
Chaque pale fait 30 m de long.
Nous en profitons pour nous faire expliquer la complexité du fonctionnement des éoliennes, et celle de la conduite d'un tel chantier à 6000 km de la France. Il a fallu faire venir tout le matériel de France via Djibouti, puis faire 800 km sur des routes en lacet qu'il a fallu parfois élargir pour permettre aux convois exceptionnels de manoeuvrer. Et sur place, il ne s'agissait pas seulement de monter des mats, des moteurs (2T) et des pales. L'entreprise a du construire aussi plus de 30 km de routes et couler des milliers de tonnes de béton pour les socles.
Mais le résultat est vraiment beau et utile. cette ferme éolienne doit produire environ 5 % de la consommation d'électricité éthiopienne (encore faible il est vrai). Elle s'inscrit dans le cadre du projet éthiopien de développement (avec les constructions de barrages et les projets dans la géothermie) qui vise à avoir une économie neutre en émissions de carbone en 2030.
Elie, sous l'orage, à côté d'une pale de 30 m de long |
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