Bonjour,
Je vous emmène pendant trois reportages dans la région du Tigré. C'est le foyer historique de l'Abyssinie, depuis l'apparition de la civilisation axoumite.
Nous sommes au nord de l'Ethiopie, sur les plateaux. Addis Abéba est à 800 km à vol d'oiseau. La frontière érythréenne (fermée depuis la guerre de 1998-2000) est toute proche. La mer rouge est à une centaine de kilomètre de là, mais 2500 mètres plus bas. La région du Tigré est déjà nettement plus chaude que celle d'Addis Abéba. On imagine la température suffocante des bords de mer.
Nous avons atterri à Axoum et nous prenons tout de suite la route en direction d'Adoua, en direction de Yeha, le plus vieux monument
d'Ethiopie, construits par les Sabéens (venus du Yemen) il y a 2800
ans. Sur la route, des constructions volcaniques comme ce sommet qui fait penser à une femme portant son enfant.
Nous passons à Adoua. C'est là qu'en 1896 les troupes éthiopiennes de Menelik II ont battu les Italiens qui tentaient de coloniser l'Abyssinie. Première défaite infligée par un peuple africain à des Européens, avant celle des Japonais sur les Russes en 1905. Humiliation italienne qui expliquera la conquête mussolinienne en 1935. Fierté des Ethiopiens qui célèbrent la victoire d'Adoua chaque année en février. Grâce à elle, le pays a été le seul pays d'Afrique non colonisé (avec le petit Liberia).
La région est connue pour ses reliefs volcaniques très particuliers qui dominent un plateau profondément fracturé.
Nous arrivons à Yeha.
Le temple est malheureusement encerclé d'échafaudages. Des archéologues allemands l'étudient et le restaurent. C'est un temple sabéen de belle dimension.
Il est construit sans mortier. Les pierres sont simplement ajustées les unes aux autres. Ce sont des blocs qui font jusqu'à deux mètres de long. Nous admirons la régularité exceptionnelle de la taille des pierre. Rien n'a bougé depuis 2800 ans.
Que voyez vous cette fois-ci dans la montagne? |
Des sculptures sabéennes qui ont été retirées de la façade du temple |
Au petit musée : stèle avec des inscriptions sabéennes |
Dans ce petit musée, une belle bible du 15eme siècle.
Un prêtre nous accueille chaleureusement. Il parle quelques mots de français.
En sortant, sur la place du village, un groupe de femmes et un groupe d'hommes attendent à l'ombre l'arrivée d'un cortège funèbre. Le notable de l'arrondissement est mort. Nous croiserons un très long cortège...
Nous rentrons ensuite à Axoum. C'est aujourd'hui une ville de 80.000 habitants, assez bien aménagée, calme. Elle a été la capitale d'une véritable civilisation entre le Ier et le VIe siècle de notre ère, s'étendant vers la péninsule arabique. Le royaume vivait du commerce entre les produits venus d'Afrique, l'Arabie et l'océan indien.
Autour de la ville, nous visitons des tombes souterraines. Seule une infime partie du patrimoine archéologique d'Axoum a été mise à jour jusqu'à présent.
Axoum est surtout connue aujourd'hui pour ses obélisques, monuments funéraires impressionnants. Celui que vous voyez au premier plan s'est effondré dès sa mise en place. Celui au second plan avait été emmené à Rome par les troupes de Mussolini. Il mesure 26 m de haut. Il a été pendant plusieurs décennies au Circo Massimo, en face de la FAO. Il a été restitué aux Ethiopiens au milieu de la décennie passée (mais n'a été remonté effectivement sur son emplacement qu'en 2008).
Sous les obélisques, des chambres funéraires.
Au-dessus, des écureuils
N'écoutant que son courage, Elie affronte les bêtes sauvages les plus impressionnantes pour nous ramener des photos de toute beauté....
Rue d'Axoum |
La grande cathédrale a été construite dans les années 60 par haile Selassié. Quelques tableaux contemporains la décorent.
Une jolie bible médiévale aussi que nous feuilletons. Voici les évangélistes..
J'aime bien ce petit lion de St Marc qui lève un coin de rideau....
Autour de la cathédrale, des centaines de pèlerins et de pauvres qui pour la plupart dorment dans les jardins. Nous sommes la veille des Rameaux.
Nous terminons notre journée axoumite en nous rendant à ce que le guide nous présente comme le palais de la reine de Saba. Honnête, il finit par reconnaître que c'est "selon la tradition orale". Selon les archéologues, ce serait un château du haut moyen âge. Mais notre guide nous dit qu'au fond il accorde plus de crédit à la tradition orale qu'aux travaux des scientifiques. C'est ça aussi l'Ethiopie contemporaine, écartelée entre son désir de modernité et sa fidélité aux traditions....